mardi 30 octobre 2012

Thérèse Desqueyroux, une femme prisonnière de son destin

Sortie le 21 novembre 2012
Réalisé par Claude Miller
Genre : Drame


Note : 4/5

Film très esthétique, lent et puissant. Une histoire captivante adaptée (très fidèlement) du roman de François Mauriac (1927). Le réalisateur offre de nombreux gros plans sur des visages, des objets ou des parties du corps ainsi que des plans larges de paysage. Les vues sur la pinède (le film se déroule dans les Landes) ou la plage sont superbes. La pinède évolue au cours de saisons et la lenteur des scènes évoque l’ennui et la lassitude deThérèse, qui subit son destin (mariage arrangé entre deux familles riches).

Le casting est de grande qualité : Audrey Tautou, Gilles Lelouche, Anais Démoustier, Catherine Arditi, Isabelle Sadoyan ou encore Stanley Weber. Tous sont très convainquants. Les acteurs sont charismatiques, on sent bien Claude Miller les a choisis avec soin, pour leur authenticité et leurs particularités.
Même Gilles Lellouche dans son personnage de Bernard Desqueyroux arrive à mêler naïveté et force de caractère. Il incarne avec brio une brute épaisse, prêt à tout pour protéger l’honneur de sa famille. Il touche le spectateur par sa dévotion pour Thérèse, sa femme en particulier pendant sa grossesse. Il est omnibulé par l’enfant à tel point que Thérèse a l’impression de n’être plus qu’une « couveuse », elle ne sent plus exister.

Anaïs Demoustier, moins présente est néanmoins très juste et touchante dans son rôle de jeune innocente amoureuse. Son personnage (Anna) a une importance majeure, c’est sa furtive aventure avec le beau Jean Azevedo (Stanley Weber) qui provoque la jalousie de Thérèse D et lui fait prendre conscience de ce qu’elle rate et n’aura jamais.


On retrouve la très fragile Audrey Tautou d’Ensemble c’est tout (de Claude Berri) ou de La Délicatesse (de David Foenkinos) qui se laisse dépérir durant le film. Privée de toute liberté, elle n'a plus goût à rien.

Elle joue en toute retenue, le spectateur sent qu’elle cache quelque chose. Son mystérieux regard, perdu dans le vide, exprime toutes ses émotions. Elle souffre d’un mal qu’elle ne comprend pas et qu’elle n’arrive pas à exprimer. Elle sait simplement qu’elle n’est pas à sa place (dans sa maison de province avec son mari qu’elle n’aime pas ou si peu).



Ce qui étonne beaucoup dans ce film est le fait qu’on ne perçoit pas Thérèse comme un monstre (bien qu’elle ait tenté d’empoisonner son mari) mais plutôt comme une victime. Enfermée dans une vie qu’elle n’a pas choisie et où elle ne trouve aucune joie, elle inspire pitié et tristesse. Les rares moments du film où on peut voir se dessiner un sourire sur son visage sont les moments où enfant elle joue avec Anna, ou bien à la fin du film lorsqu’elle est enfin libre et part à Paris.

A l’époque des mariages arrangés de nombreuses femmes ont du s’identifier au personnage de Thérèse Desqueyroux et rêver d’empoisonner accidentellement leurs maris. En plus d’être un film fin et délicat (par la beauté des images et la qualité du jeu d’acteurs), le regretté Claude Miller a réalisé un portrait sociétal.

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